Avec l'épidémie du Covid-19, alors que l'Europe se confine, les réfugiés du camp de Moria sur l'île de Lesbos en Grèce, se sont eux aussi retrouvés confinés. Détenus dans une prison à ciel ouvert devenue un immonde bidonville, sans ressources, ils organisent leur survie. Ce sont ces grands oubliés de la crise du coronavirus que le père Maurice Joyeux est venu retrouver. Prêtre du Service Jésuite des Réfugiés, il écoute les détresses, les colères, les désirs des pères de famille, des femmes dans l'insécurité, des enfants et des jeunes à l'avenir incertain. Avec eux, Maurice Joyeux dessine un autre présent, des projets voient le jour. D'avoir partagé le quotidien des réfugiés de Moria aux prises avec tant de difficultés nous ouvre les yeux sur des réalités que l'on préférerait ne pas voir. C'est aussi et surtout une invitation à comprendre que nous sommes tous frères et à aller "vers un nous toujours plus grand", selon les vœux du pape François pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié de dimanche 26 septembre.
Par-delà l’Enfer- Une coproduction KTO/TITA PRODUCTIONS 2020 - Réalisée par Laurence Monroe et Mortaza Behboudi
Créé en 2015 pour accueillir 2000 réfugiés, le camp de Moria en comptait
plus de 19 000 en 2020. La situation s’est lourdement aggravé en mars
de cette année-là quand le camp s’est retrouvé isolé du reste du monde
en raison de l’épidémie du coronavirus. C’est dans ce contexte de
désastre humanitaire que le père Maurice Joyeux, du service Jésuite des
Réfugiés, revient à Moria avec Mortaza Behboudi, journaliste. Ils sont
rejoints par la réalisatrice Laurence Monroe. Caméra au poing, de mars à
septembre 2020, l’équipe partage le quotidien de ces exilés, contraint
de vivre dans des conditions indignes, sans eau, sans hygiène, sans
soin, sans éducation, sans revenus. Le plus grand camp de réfugiés
d’Europe s’est transformé en un gigantesque bidonville et une prison à
ciel ouvert. C’est l’enfer. Etre présent, écouter, observer fut la
première priorité de Maurice Joyeux. Il accueille la colère des
demandeurs d’asile, leur fatigue, leur découragement face à leur
sentiment d’abandon de la part de la communauté européenne et
internationale alors qu’ils ont risqué leur vie pour arriver là, qu’ils
ont juste fui la guerre, les persécutions. De rétention, le camp est
devenu un camp de détention où ils attendent un rendez-vous qui ne vient
pas pour avancer dans leur dossier. Où sont les droits de l’homme,
l’accueil chrétien ? Maurice Joyeux a repéré le travail d’Elahah,
une jeune femme qui apprend à lire aux enfants et il accompagne son rêve
d’avoir une école où instruire les plus jeunes. Candy, une africaine
médecin, pallie l’engorgement de l’hôpital de fortune installé dans le
camp. Se réconforter en aidant les autres c’est la solution qu'Abdoulaye
a trouvé pour ne pas sombrer.. Dans une autre école, Massi accueille
les différentes communautés congolaise, somalienne et afghane pour
instruire mais aussi pour occuper les journées, donner de l’espoir. Pour
les jeunes en danger parce que désœuvrés, l’apprentissage de la guitare
leur permet d’exprimer sentiments et émotions.Olivier, journaliste
congolais, aide le père Joyeux dans le camp dans la mise en place d'une
solidarité alimentaire. Protestez, existez, entretenez l’espoir,
encourage Maurice Joyeux. Face à la détresse, il prône aussi de faire
valoir le beau et le bon, le meilleur des remèdes. En juillet,
l’Europe accueille quelques centaines de réfugiés mais il en reste
toujours 17 000 à Moria où le confinement dans le camp a été prolongé
pour la 6ème fois. En septembre, le camp brûle entièrement.
Les fleurs d’espérance qui avaient poussé là sous la forme de cahiers
d’école, de guitares, de tableaux, de cerfs-volants ont été réduits en
cendres. Un nouveau camp se créé.

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