Depuis l’apparition de l’assistance médicale à la procréation (AMP),
en 1978, trois millions d’enfants sont nés dans les laboratoires du
monde et parmi eux, en France, un enfant sur cinq cents est issu d’un
don de sperme ou d’ovocyte.
Dans ce film, des enfants devenus aujourd’hui de jeunes adultes
témoignent de leurs origines. Ils se nomment eux-mêmes des « IAD ». Il
faut comprendre qu’ils sont nés par insémination artificielle avec
donneur anonyme. Leurs parents à cause de l’infertilité du père ont eu
recours à un donneur de sperme anonyme. Seule manière pour eux de
concrétiser leur désir d’enfants.
Un jeune homme et une jeune fille parlent de « cette part de l’autre »
en eux, inconnue, « comme d’un vide », « d’un point d’interrogation » et
de leur « légitimité de connaître leurs origines ».
L’histoire particulière de ces jeunes adultes nés de l’amour et de la
médecine, racontent comment ils ont appris que leur père social n’était
pas leur géniteur et qu’ils ne connaîtront jamais ni son identité, et
par conséquent la leur.
Ce documentaire met en lumière le questionnement existentiel sur les
racines, la filiation, l’hérédité de ces enfants du don et sonde la
toute puissance du désir parental et médical qui leur a procuré la vie.
Un désir, toutefois, pas assez puissant pour guérir le père d’une
blessure de l ’ identité. Enfin ces jeunes s’interrogent sur l’épure
d’une société qui se dessine où le tout biologique ne prend, à aucun
moment en compte, le droit à l’enfant à savoir d’où il vient.

LES PERSONNAGES DU FILM
Deux jeunes gens, un jeune homme de la trentaine : Raphaël, une jeune
femme âgée d’une vingtaine d’années : Claire Elie, relisent leur
histoire d’enfants nés par insémination artificielle avec donneur
anonyme. Ils parlent de leur mal être, de leur recherche d’identité, des
informations sur leur origine et se questionnent sur la levée du secret
de famille comme de l’anonymat du don encadré par la loi.
Raphaël est un jeune avocat. Il a appris tardivement qu’il avait été
conçu par IAD. A cause d’un mal être, il avait débuté une psychanalyse à
16 ans. D’emblée son questionnement s’était porté sur ses origines sans
en parler à ses parents puisqu’il se sentait aimé, son problème ne
devait donc venir que de lui. Aujourd’hui, Raphaël porte un regard
éthique sur les conséquences des choix que peuvent faire les parents
infertiles en demande d’enfants. Comme avocat, il met en parallèle le
monde judiciaire et le monde médical et questionne l’incohérence du
fonctionnement de notre société sur l’importance du génétique.
Claire Elie est une jeune fille de 22 ans, musicienne
professionnelle. Ses parents lui ont appris ses origines à l’âge de 13
ans. Ce fut un choc, sa « mère est devenue sa pire ennemie comme sa mère
amie ». Le secret a été levé, il a fallu se relever ensuite et se
construire. Mais lorsqu’elle se regarde dans la glace à côté de sa mère,
elles n’ont pas grand-chose en commun.
Les parents de Raphaël, issus d’un milieu modeste, tente de parler de
l’infertilité du couple et des conséquences non prévues sur Raphaël. La
mère de Claire-Elie parle de son choix.
DOCTEUR KUNSTMANN est responsable d’un CECOS (Centre d’Etudes et de
Conservation des Oeufs et du Sperme) à l’hôpital Cochin. C’est dans un
CECOS que les parents vont chercher le sperme d’un donneur avant
l’insémination. Le docteur Kunstmann milite contre la levée de
l’anonymat du don de spermes, ce qui déstabiliserait le système
économique et nuirait au sens même qu’il a donné à son travail, oeuvrer
pour la solidarité entre les hommes tout en prenant le risque de la
transgression.
THIERRY MAGNIN est physicien et théologien. Spécialiste de la
bioéthique à l’université de Toulouse. Il apporte dans ce documentaire
le regard biblique sur l’alliance entre l’Homme et la Femme, qui fonde
l’origine de l’enfant. Il questionne l’intérêt d’une loi qui lèverait
l’anonymat du don de sperme qui aurait alors valeur de norme, et qu’il
met en perspective avec la vie de ces enfants qui remettent en cause ces
pratiques sans éthique.