Le Concile Vatican II, présidé par le pape Jean XXIII puis par Paul VI, s’est ouvert le 11 octobre 1962 à Rome (Italie) pour s’achever le 8 décembre 1965. Plus de 2000 personnes participèrent à cet événement majeur de la vie de l’Eglise au cours duquel furent publiés seize textes.
En 1958, Jean XXIII, qui vient d’être élu pape, annonce
un programme ambitieux : un synode pour repenser l’évangélisation dans
le diocèse de Rome, une réforme du droit canon et un Concile.
Le
Concile s’ouvre à Rome 11 octobre 1962. Le pape Jean XXIII donne le ton
et l’esprit des travaux dans son discours d’ouverture : « Notre devoir
n’est pas seulement de garder ce précieux trésor comme si nous n’avions
souci que du passé, mais de nous consacrer, résolument et sans crainte, à
l’œuvre que réclame notre époque, poursuivant ainsi le chemin que
l’Église parcourt depuis vingt siècles ».
Il meurt le 3 juin 1963, pendant le Concile, peu de temps après avoir publié l’encyclique Pacem in terris.
Paul
VI, élu le 21 juin 1963, annonce dès le lendemain son désir de donner
une suite aux travaux du Concile et nomme quatre cardinaux modérateurs.
Un bureau de presse est créé pour communiquer des informations
quotidiennes.
La moyenne générale des
évêques participants était de 2200, et 242 d’entre eux sont morts durant
le Concile, parmi lesquels 12 cardinaux. Par ailleurs, 460 experts ont
pris part aux travaux, dont 235 prêtres séculiers, 45 jésuites, 42
dominicains, 15 franciscains et 123 membres d’autres ordres ou
congrégations religieuses. En outre, pour la première fois dans
l’histoire de l’Eglise, 52 auditeurs laïcs, hommes et femmes, ont été
admis aux travaux, ainsi que 104 observateurs, délégués ou invités
provenant d’Eglises non catholiques. Seize documents conciliaires furent
publiés parmi lesquels quatre constitutions.
Le 4 décembre 1965 : Paul VI participe à une célébration avec des non-catholiques, en la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs.
Le
7 décembre, les sentences d’excommunication mutuelles de 1054, entre
les Églises orthodoxe et romaine, sont levées, signe d’une volonté
nouvelle d’œuvrer pour l’Unité des chrétiens. Le Concile s’achève par
une messe et un message au monde, le 8 décembre 1965.

Concile Vatican II: une graine qui continue à pousser
Une grande
grâce, une véritable prophétie pour la vie de l'Église, une nouvelle
Pentecôte: c'est ainsi que Jean-Paul II et Benoît XVI ont parlé du
dernier Concile. Une petite graine qui est devenue un arbre qui continue
à porter ses fruits par l'action du Saint-Esprit.
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Sergio Centofanti - Cité du Vatican
Cette année, le 8 décembre marque le 55ème anniversaire de la fin du
Concile Vatican II. Un événement qui, en cette période, suscite un
nouveau débat dans la communauté ecclésiale, face à ceux qui s'en
éloignent de plus en plus, et à ceux qui veulent en réduire la portée et
la signification.
Une nouvelle Pentecôte
Benoît XVI a utilisé un mot fort : il a parlé d'une «nouvelle Pentecôte».
Il a été un témoin direct du Concile, participant comme expert, aux
côtés du cardinal Frings, puis comme témoin expert officiel : «Nous espérions que tout se renouvelle, - dit-il aux prêtres de Rome le 14 février 2013 - que
vienne vraiment une nouvelle Pentecôte, une nouvelle ère de l’Église.
(…) On sentait que l’Église n’avançait pas, se réduisait, qu’elle
semblait plutôt une réalité du passé et non porteuse d’avenir. Et à ce
moment-là, nous espérions que cette relation se renouvelle, change ; que
l’Église soit de nouveau une force pour demain et une force pour
aujourd’hui.» Et, citant Jean-Paul II lors de l'audience générale du 10 octobre 2012, il fait sienne la définition du «Concile
comme la grande grâce dont l’Église a bénéficié au vingtième siècle :
il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du
siècle qui commence» (Lett. ap. Novo millennio ineunte, n. 57). Le «véritable moteur du Concile» - ajouta-t-il – était l'Esprit Saint. Donc, une nouvelle Pentecôte : non pas pour une nouvelle Église, mais pour «une nouvelle ère dans l'Église».
La fidélité est en marche
Ce que le Concile a montré le plus clairement, c'est que le
développement authentique de la doctrine, qui se transmet de génération
en génération, se réalise dans un peuple qui marche ensemble guidé par
l'Esprit Saint. Il est au cœur du célèbre discours de Benoît XVI à la
Curie romaine le 22 décembre 2005. Benoît XVI parle de deux
herméneutiques : celle de la discontinuité et de la rupture et celle de
la réforme et du renouveau dans la continuité. L'«herméneutique juste» est celle qui voit l’Église comme «un
sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant
toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche». Benoît XVI parle d'une «synthèse de fidélité et de dynamisme».
La fidélité est en mouvement, elle n'est pas en stagnation, c'est un
voyage qui avance sur le même chemin, c'est une graine qui se développe
et devient un arbre qui élargit ses branches, fleurit et produit des
fruits : comme une plante vivante, d'une part elle pousse, d'autre part
elle a des racines qui ne peuvent pas être coupées.
Continuité et discontinuité dans l'histoire de l'Église
Mais comment justifier un renouveau dans la continuité face à
certains changements forts dans l'histoire de l’Église? Depuis que
Pierre a baptisé les premiers païens sur lesquels le Saint-Esprit est
descendu et a dit : «En vérité, je le comprends, Dieu est impartial :
il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont
les œuvres sont justes.» (Actes 10, 34-35). Les circoncis lui font
des reproches, mais quand Pierre explique ce qui s'est passé, ils
glorifient tous Dieu en disant : «Ainsi donc, même aux nations, Dieu a donné la conversion qui fait entrer dans la vie !»
(Actes 11,18). C'est l'Esprit qui nous indique ce qu'il faut faire et
nous fait bouger, nous fait avancer. En 2 000 ans d'histoire, l'Église a
connu de nombreux changements : la doctrine sur le salut des
non-baptisés, l'usage de la violence au nom de la vérité, la question
des femmes et des laïcs, la relation entre foi et science,
l'interprétation de la Bible, la relation avec les non-catholiques, les
juifs et les adeptes d'autres religions, la liberté religieuse, la
distinction entre les sphères civile et religieuse, pour ne citer que
quelques thèmes.
Benoît XVI, dans le même discours à la Curie, le reconnaît: sur certains thèmes «une discontinuité s'est en effet manifestée».
Par exemple, au-delà du raisonnement de contextualisation
philosophique, théologique ou historique pour démontrer une certaine
continuité, on a d'abord dit non à la liberté de culte pour les
non-catholiques dans un pays catholique, puis on a dit oui. Donc, une
indication très différente dans la pratique.
Le scandale d'une Église qui apprend
Benoît XVI utilise des mots significatifs : «nous devions apprendre à comprendre plus concrètement qu'auparavant», «une nouvelle réflexion était nécessaire», «il fallait apprendre à reconnaître». Comme Pierre qui, après la Pentecôte, doit encore comprendre de nouvelles choses, doit encore apprendre, doit encore dire : «Je me rends compte que... ».
Nous n'avons pas la vérité dans nos poches, nous ne «possédons» pas la
vérité comme une seule chose, mais nous appartenons à la Vérité : et la
Vérité chrétienne n'est pas un concept, c'est le Dieu vivant qui
continue à parler. Et se référant à la Déclaration du Concile sur la
liberté religieuse, Benoît XVI déclare : «le Concile Vatican II,
reconnaissant et faisant sien à travers le Décret sur la liberté
religieuse un principe essentiel de l'Etat moderne, a repris à nouveau
le patrimoine plus profond de l'Eglise. Celle-ci peut être consciente de
se trouver ainsi en pleine syntonie avec l'enseignement de Jésus
lui-même (cf. Mt 22, 21), comme également avec l'Eglise des martyrs,
avec les martyrs de tous les temps.» Et il ajoute : «Le Concile
Vatican II (…) a revisité ou également corrigé certaines décisions
historiques, mais dans cette apparente discontinuité, il a en revanche
maintenu et approfondi sa nature intime et sa véritable identité.
L'Église est, aussi bien avant qu'après le Concile, la même Église une,
sainte, catholique et apostolique, en chemin à travers les temps».
Une continuité spirituelle
Nous pouvons alors mieux voir que la continuité n'est pas simplement
une dimension logique, rationnelle ou historique, c'est bien plus que
cela : c'est une continuité spirituelle dans laquelle le même et unique
Peuple de Dieu marche uni, docile aux indications de l'Esprit.
L'herméneutique de la rupture est réalisée par ceux qui, dans ce voyage,
se séparent de la communauté, brisent l'unité, parce qu'ils s'arrêtent
ou vont trop loin. Benoît XVI parle des deux extrêmes : ceux qui
cultivent une «nostalgie anachronique» et ceux qui préfèrent «une course en avant»
(messe du 11 octobre 2012). Ils n'écoutent plus l'Esprit qui demande
une fidélité dynamique, mais suivent leurs propres idées, ne s'attachent
qu'à l'ancien ou qu'au nouveau, et ne savent plus comment mettre
ensemble les choses anciennes et les choses nouvelles, comme le fait le
disciple du royaume des cieux.
La nouveauté du Pape François
Après les grands Papes qui l'ont précédé, est arrivé François. Il
s'inscrit dans le sillage de ses prédécesseurs : c'est la graine qui se
développe et grandit. L'Église continue. Beaucoup de nouvelles déformées
ou fausses sont mises en circulation au sujet de François, comme cela
s'est produit avec le prédécesseur Benoît et beaucoup d'autres
successeurs de Pierre. Ni les dogmes ou les commandements, ni les
sacrements, ni les principes sur la défense de la vie, la famille,
l'éducation n'ont changé. Les vertus théologiques ou cardinales n'ont
pas changé, ni les péchés mortels. Pour mieux comprendre la nouveauté
dans la continuité de François, au-delà des distorsions et des mensonges
évidents, il faut lire l'Exhortation Apostolique "Evangelii gaudium",
le texte programmatique du Pontificat. Elle commence ainsi: «la joie
de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent
Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la
tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie
naît et renaît toujours.» La première chose est la joie de la rencontre avec Jésus, notre Sauveur.
Un style de proximité et d'accueil amical qui ne condamne pas
Le Pape nous invite à «récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile»
et à la transmettre à tous. Il nous demande de nous concentrer sur
l'essentiel, l'amour de Dieu et du prochain, en évitant une annonce «obsédée
par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines qu’on
essaie d’imposer à force d’insister. (…) Dans ce cœur fondamental
resplendit la beauté de l’amour salvifique de Dieu manifesté en Jésus
Christ mort et ressuscité.» Il arrive au contraire que l'on parle «plus de la loi que de la grâce, plus de l’Église que de Jésus Christ, plus du Pape que de la Parole de Dieu.» Il a insisté pour que la première proclamation résonne toujours : «Jésus
Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est
vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour
te libérer». Elle a demandé un style de «proximité, ouverture au dialogue, patience, accueil cordial qui ne condamne pas». Il indique l'art de l'accompagnement, «pour que tous apprennent toujours à ôter leurs sandales devant la terre sacrée de l’autre» qui doit être vu «avec
un regard respectueux et plein de compassion mais qui en même temps
guérit, libère et encourage à mûrir dans la vie chrétienne».
Eucharistie : non pas une récompense pour les parfaits, mais une nourriture pour les faibles
François veut une Église aux portes ouvertes : «même les portes des sacrements ne devraient pas se fermer pour n’importe quelle raison». Ainsi «l’Eucharistie,
même si elle constitue la plénitude de la vie sacramentelle, n’est pas
un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour
les faibles. Ces convictions ont aussi des conséquences pastorales que
nous sommes appelés à considérer avec prudence et audace. Nous nous
comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme
des facilitateurs. Mais l’Église n’est pas une douane, elle est la
maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie
difficile». D'où la suggestion d'initier des parcours de
discernement au cas par cas pour évaluer l'éventuelle admission aux
sacrements de ceux qui vivent en situation irrégulière, comme mentionné
dans l'Exhortation Amoris laetitia. C'est une étape qui a pour but de
rapprocher les gens et de les accompagner en regardant le salut des gens
et la miséricorde de Jésus. Les normes peuvent devenir des pierres
comme c'est le cas pour la femme prise en flagrant délit d'adultère. Et
même certaines questions d'aujourd'hui rappellent celles que les scribes
et les pharisiens ont posées à Jésus il y a 2000 ans : «Maître,
cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la
Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que
dis-tu ?» (Jean 8, 4-5). Nous connaissons la réponse de Jésus.
Jean-Paul II : le Concile continuera à porter ses fruits
François ne fait que continuer sur la voie du Concile. Une continuité spirituelle, parce que l'Esprit continue à parler. «La "petite semence" que Jean XXIII déposa» - a affirmé saint Jean-Paul II le 27 février 2000 - «a
grandi en donnant vie à un arbre qui déploie désormais ses branches
majestueuses et puissantes dans la Vigne du Seigneur. Il a donné
beaucoup de fruits (…) et il en donnera encore beaucoup au cours des
prochaines années. Une nouvelle saison s'ouvre à nos yeux. (…) Le
Concile oecuménique Vatican II a été une véritable prophétie pour la vie
de l'Eglise; il continuera à l'être pendant les nombreuses années du
troisième millénaire qui vient de commencer.»
Jean XXIII : l'Église utilise le remède de la miséricorde
Aujourd'hui comme hier. En ouvrant le Concile le 11 octobre 1962, saint Jean XXIII déclarait : «Souvent...
il arrive... que, non sans offense à nos oreilles, on nous parle des
voix de certains qui, bien que zélés pour la religion, évaluent... les
faits sans objectivité suffisante ni jugement prudent. Dans les
conditions actuelles de la société humaine, ils ne sont capables de voir
que des ruines et des ennuis ; ils disent que notre époque, comparée
aux siècles passés, est pire ; et ils vont jusqu'à se comporter comme
s'ils n'avaient rien à apprendre de l'histoire, qui est maîtresse de la
vie, et comme si, à l'époque des conciles précédents, tout se passait
heureusement en ce qui concerne la doctrine chrétienne, la morale et la
juste liberté de l'Église. Il nous semble que nous devons résolument
nous opposer à ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours le pire,
comme si la fin du monde était proche». Et en parlant des erreurs de nature doctrinale, il a ajouté : «Il
n'y a pas de moment où l'Église ne s'est pas opposée à ces erreurs ;
elle les a souvent condamnées, et parfois avec la plus grande sévérité.
Quant à l'époque actuelle, l'Épouse du Christ préfère utiliser le remède
de la miséricorde plutôt que de s'armer des armes de la rigueur ; elle
pense que nous devons répondre aux besoins actuels en exposant plus
clairement la valeur de son enseignement plutôt qu'en condamnant».
Paul VI : pour l'Église, personne n'est exclu, personne n'est loin
À la fin du Concile, le 8 décembre 1965, saint Paul VI dans son «salut universel» affirmait : «Pour
l'Église catholique, personne n'est étranger, personne n'est exclu,
personne n'est loin... Avec Notre salut universel, nous nous adressons
aussi à vous, hommes qui ne nous connaissez pas ; hommes qui ne nous
comprenez pas ; hommes qui ne croyez pas que nous vous sommes utiles,
nécessaires et amis ; et aussi à vous, hommes qui, peut-être pensez
faire le bien, et qui vous vous opposez à nous ! Un salut sincère, un
salut discret, mais plein d'espérance ; et aujourd'hui, croyez-le, plein
d'estime e d'amour… Voilà, ceci est notre salut : puisse-t-il allumer
cette nouvelle étincelle de la divine charité dans nos cœurs ; une
étincelle qui peut mettre le feu aux principes, aux doctrines et aux
propositions que le Concile a préparés et qui, enflammés ainsi par la
charité, peuvent vraiment opérer dans l'Église et dans le monde ce
renouveau de pensées, d'activités, de coutumes et de force morale et de
joie et d'espérance qui a été le but même du Concile».
Dites de bonnes paroles en ces temps difficiles
En cette période où l’Église catholique est particulièrement touchée
par les oppositions et les divisions, il est bon de se rappeler les
exhortations de saint Paul aux premières communautés chrétiennes. Il
rappelle aux Galates que «toute la Loi est accomplie dans l’unique
parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous
vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous
allez vous détruire les uns les autres. Je vous le dis : marchez sous la
conduite de l’Esprit Saint» (Gal 5, 14-16). Et aux Éphésiens, il ajoute : «Aucune
parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche ; mais, s’il en est
besoin, que ce soit une parole bonne et constructive, profitable à ceux
qui vous écoutent. N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, qui vous a
marqués de son sceau en vue du jour de votre délivrance. Amertume,
irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être
éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre
vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux
autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ.» (Eph 4, 29-32). Que se passerait-il si nous mettions en pratique "sine glossa"cette parole ?

Le Pape Paul VI en 1969
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