Évangile : Jean 6, 51-58 Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi.
Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Copyright AELF - Tous droits réservés Méditation Les habitudes cachent une grande partie de la réalité. Ainsi dans ce texte de St Jean où Jésus nous dit que « sa chair » est la vraie nourriture et « son sang » la vraie boisson, il y a de quoi être choqué. Choqué par des paroles trop énormes pour le terrien que nous sommes, mais aussi pour le religieux qu’était le Juif à l’époque (comme aussi aujourd’hui). Moi-même, devant cette impossibilité humaine de compréhension face à laquelle me met Jésus par ses paroles, je ne suis pas sûre que j’aurais continué à Le suivre. Un illuminé qui dit n’importe quoi pourrions-nous penser facilement. Mais voilà. L’erreur et le danger est d’en rester « à la lettre » et d’oublier d’en chercher le sens. Un début de compréhension se trouve dans la première lecture tirée du livre du Deutéronome au chapitre 8. Il nous est rapporté le passage de la « manne », cette étrange nourriture que les Hébreux recevaient du ciel chaque jour. Leur seule fatigue et elle n’était pas moindre, était de marcher dans le désert en faisant confiance à Dieu qui peut tout. Ils avaient faim. Ils récriminaient contre Moïse et contre Dieu. La pitié, la compassion de Dieu pour ses enfants en souffrance leur donnent ce pain mystérieux. La chair et le sang que nous propose Jésus aujourd’hui dans ce passage d’évangile n’est-il pas cette « manne mystérieuse » pour ses contemporains et pour nous aujourd’hui ? Jésus ne pense pas un seul instant à se faire « croquer », il n’est pas maso... Il est simplement le Fils de ce Dieu qui a pitié, qui compatit, qui nous veut vivants. Alors arrêtons-nous un instant pour essayer de mieux comprendre de quelle chair, de quelle manne, de quel pain il s’agit. « Dieu dit et cela est, cela devient » : nous connaissons tous ce passage de la création dans le livre de la Genèse. Dieu parle pour que çà puisse exister. Jésus EST la Parole vivante de Dieu. Nous ne pouvons exister que par Lui. C’est ainsi qu’Il nous a donné « sa chair et son sang » à manger et à boire. C’est l’Eucharistie, c’est la communion à sa Parole lorsque nous l’écoutons chaque dimanche. C’est la communion aux frères lorsque nous nous rassemblons chaque dimanche pour vivre un temps fort de rencontre avec Lui. C’est la communion à son corps (chair) et à son sang lorsque nous prenons l’hostie consacrée et buvons le vin consacré devenus « Corps et Sang » du Christ. Se rassembler, L’écouter, Le « manger » : voici trois actes que nous vivons trop souvent sans en avoir une très profonde conscience. Ce sont trois actes que nous vivons trop souvent avec l’habitude et non pas avec toute la profondeur de la rencontre qui nous fait être des « vivants ». L’évangile dit-il donc vrai ? « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous ». Alors qu’attendons-nous pour communier à Lui en faisant corps lorsque nous nous rassemblons entre frères, pour écouter sa Parole et « manger » sa chair et « boire » son sang en recevant l’Hostie et le vin, cette « manne mystérieuse » qui fait de nous des vivants pour l’éternité ? Allons-y sans peur ni crainte, sans habitude ni arrière-pensée, mais avec foi et conviction, avec audace et amour, sûrs qu’Il nous aime jusque-là : à se donner TOTALEMENT pour que nous ayons la vie, sa vie en abondance, en surabondance ! Marie Pierre Boichat Sœur de la Charité |