Chers frères et soeurs, chers amis,
Ce courrier vient avant tout vous souhaiter une belle et douce fête de la Nativité et la joie de la venue du Christ dans le monde pour nous porter la lumière et la vie.Je veux aussi vous souhaiter, d’ores et déjà, une bonne et heureuse année nouvelle. Qu’elle nous apporte paix et joie. Qu’elle nous donne, comme croyants, de toujours mieux répondre à l’appel à la sainteté que nous lance le Christ et qui est le principe intérieur de la mission et de l’évangélisation.
Un jubilé et une année de la prière
Comme vous le savez certainement, notre Église se prépare à fêter un grand jubilé en 2025, intitulé « Pèlerins d’espérance ». Ce jubilé, qui succède à celui de l’an 2000 et celui de 2016 pour l’année de la Miséricorde, souhaite « favoriser grandement la recomposition d’un climat d’espérance et de confiance, comme signe d’une renaissance renouvelée dont nous ressentons tous l’urgence » selon les paroles du pape François.Ce jubilé aura lieu 1700 ans après le premier concile oecuménique de Nicée en 325 convoqué par l’Empereur Constantin. Entre 30 et 40 millions de pèlerins sont attendus à Rome dans l’année. Je vous rappelle, d’ailleurs, que c’est en prélude à cette année jubilaire que je vous propose un pèlerinage diocésain du 15 au 19 avril 2024 à Rome.Pour préparer ce jubilé de 2025, le pape François nous invite à vivre en cette année 2024 qui vient, une année de la prière. Cette année permettra aussi d’éclairer le deuxième temps diocésain en vue du synode romain d’octobre 2024.
Pour un croyant, la prière est une dimension essentielle de la vie. Pour un croyant catholique elle est le fondement de la relation à entretenir avec Dieu. Sainte Thérèse d’Avila écrivait qu’elle est un « commerce d’amitié », un échange, une relation, une rencontre amicale, amoureuse avec le Seigneur. Le saint Curé d’Ars disait : « La prière … C’est une douce amitié, une familiarité étonnante ».
Cela ne veut pas dire que prier soit facile. Saint Nicolas de Flue souligne que « parfois on y va comme à la danse, parfois comme à la guerre ». La prière demande une transmission. Il y a un art de l’oraison qui s’apprend selon sainte Thérèse d’Avila.
Une expérience personnelle et communautaire
Nous avons tous une expérience personnelle de la prière. Nous avons en général appris à prier avec nos parents ou grandsparents, avec des catéchistes, un prêtre, une religieuse, un mouvement de jeunes… Cet apprentissage nous a en général permis de recevoir les grandes prières chrétiennes comme le « Notre Père » ou le « Je vous salue Marie » qui s’enracinent dans l’Évangile. Notre prière a ensuite évolué avec notre vie : action de grâce, louange, adoration, intercession, chapelet… Nous avons aussi compris combien la prière est riche comme expérience personnelle ou communautaire, comme dans la liturgie de l’Église.Le catéchisme de l’Église Catholique nous rappelle que « la prière est une élévation de l’âme vers Dieu ou la demande à Dieu des biens convenables » (CEC 2559). La prière chrétienne est un don de Dieu. Elle demande un coeur humble, un coeur de pauvre comme le souligne le Psaume 130. Elle est un engagement de toute la personne dans le Christ et sous la motion de l’Esprit dirigée vers le Père. Elle nous permet d’entrer dans une communion d’amour avec Dieu.Il est important de souligner que la prière nous aide à grandir dans toutes les dimensions de notre vie. Elle permet de développer une relation authentique avec Dieu, mais aussi avec nousmêmes pour mieux nous connaître et progresser sans cesse vers notre propre unité et notre paix intérieures, pour intercéder pour les autres, pour comprendre le monde et discerner l’oeuvre de Dieu en lui. Elle aide à unifier notre existence tout en nous ouvrant aux autres et au monde dans lequel nous vivons.
Une année pour renouveler notre prière
Renouveler notre vie de prière ne nous demande pas de faire des choses nouvelles ou d’inventer ou d’ajouter de nouvelles manières de faire dans nos paroisses ou nos mouvements alors que nos vies sont souvent très remplies et chargées. Il s’agit peutêtre surtout de faire mieux ce que nous faisons déjà.
Il s’agit avant tout d’être plus attentif à la qualité de notre prière commune dans la liturgie en favorisant l’intériorité et le silence au coeur de la célébration. Le pape François le rappelle : « Parmi les gestes rituels qui appartiennent à l’ensemble de l’assemblée, le silence occupe une place d’importance absolue. Bien souvent, il est expressément prescrit dans les rubriques. Toute la célébration eucharistique est immergée dans le silence qui précède son début et qui marque chaque moment de son déroulement liturgique. Ce silence n’est pas un havre intérieur… le silence liturgique est quelque chose de beaucoup plus grand : il est le symbole de la présence de l’action de l’Esprit Saint qui anime toute l’action de la célébration » (Desiderio Desideravi 52).
Il s’agit aussi d’approfondir notre vie de prière personnelle, d’accroître la qualité de notre relation au Seigneur. Cela peut passer par la lecture d’un livre sur la prière, une récollection ou une retraite sur le sujet, une plus grande fidélité à notre prière quotidienne ou à un groupe de prière. Cela peut passer par la découverte ou la redécouverte de prière en lien avec l’année liturgique : le chemin de croix durant le temps de carême, le chapelet ou le rosaire en mai et en octobre, une lecture priante de la Parole de Dieu régulière. C’est à chacun de nous de discerner ce qui peut l’aider et le faire grandir au coeur de sa vie de sainteté.
Des ressources pour ce renouvellement
Pour renouveler notre prière nous pouvons faire appel à de nombreuses sources. Avant toutes choses la Parole de Dieu et en particulier le Psautier ou encore l’évangile selon saint Luc. Nous pouvons aussi puiser à la grande tradition spirituelle de notre Église et aux grands auteurs : sainte Thérèse d’Avila, saint François de Sales, saint Ignace de Loyola. Le pape François, dans Gaudete et Exsultate, son texte sur « l’appel à la sainteté dans le monde actuel » a de nombreuses pages éclairantes et pratiques sur la prière appelant « à la prière constante » (GE 147157) dans les pas du Seigneur Jésus (Lc 18,1). Mais nous avons aussi la grâce dans notre diocèse de Tours d’avoir des richesses spirituelles locales. Rappelonsnous ce qu’écrit Sulpice Sévère sur notre saint patron, saint Martin : « Jamais Martin n’a laissé passer une heure, un moment, sans se livrer à la prière ou s’absorber dans la lecture ; et encore, même en lisant ou en faisant autre chose, jamais il ne cessait de prier Dieu ». Mais pensons aussi à saint François de Paule, sainte Marie de l’Incarnation, le Vénérable Léon PapinDupont… autant de témoins et de maîtres qui continuent d’éclairer l’Église qui est à Tours aujourd’hui, que nous pouvons prier et dont nous pouvons vivre.
Que la Vierge Marie qui gardait toutes choses en son coeur, que la Mère de Dieu que nous aimons invoquer comme « NotreDame de la Prière » dans notre diocèse, intercède pour nous en cette année.
Vincent JORDY, Archevêque de Tours
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